Histoire du pied bot varus équin
Mythologie
Le pied bot varus équin est une maladie connue depuis les temps les plus anciens.
Durant l’antiquité, il n’était pas rare que les enfants nés avec un pied bot meurent par carence de soins ou par infanticide.
Rappelons que dans la mythologie antique, Héphaïstos (appelé encore Vulcain ou Mulciber), dieu du Feu, forgeron et armurier de l’Olympe, était un dieu boiteux.
Fils de Zeus et d’Héra (ou d’Héra seule selon les versions), Héphaïstos était le seul dieu d’apparence hideuse parmi tous les immortels.
Il est dit dans l’Iliade que sa mère, honteuse d’une telle laideur, le précipita du haut de l’Olympe. Une autre version attribue à Zeus cette chute, pour punir Héphaïstos d’avoir pris la défense d’Héra dans une querelle avec son époux (Zeus).
Héphaïstos restait cependant un dieu populaire à l’Olympe et sur terre, partisan de la paix. Il était le patron des artisans et des artistes, et le protecteur des forgerons.
Dans la vie antique, il présidait la cérémonie où les enfants étaient admis dans la vie de la cité.
Sur ce vase grec, le personnage central qui est Héphaïstos porte des bottines maintenues par des lanières et parait marcher sur la pointe des pieds (en équin), tandis que les autres dieux portent des sandales avec les pieds bien à plat sur le sol (plantigrade).
PRE-HISTOIRE et ANTIQUITE Néolithique final II (2900-2500 avant notre ère)
Cette hypothèse de travail est évoquée par Mr Jules MASSON MOUREY dans un très beau mémoire de Master 2 en Archéologie et Histoire de l’Art (spécialité Préhistoire) intitulé : « La figuration anthropomorphe dans l’art rupestre préhistorique et protohistorique de la région du mont Bego (Tende, Alpes-Maritimes). Modalités du schématisme, cadres chrono-culturels et pluralité des sens ».
Les informations ci-dessous sont issues de ce mémoire :
Culminant à 2872 m, le mont Bego se situe au Sud-Est de la France, dans le département des Alpes-Maritimes, au sein du massif du Mercantour et à proximité immédiate de la frontière italienne (fig. 1). Le site, distant de Nice et de la Méditerranée d’environ 80 km, est accessible par la route menant à Cunéo depuis Vintimille, le long de la vallée de la Roya.
Sur les flancs rocailleux du Bego (fig. 2) et dans les vallées voisines –dont les paysages chaotiques résultent de l’avancée des glaciers quaternaires –s’étagent, entre 2000 et 2800 m, quelque 4134 roches gravées et plus de 35 000 signes figuratifs piquetés, dispersés sur 1400 ha.
Pour l’essentiel, il s’agit de motifs corniformes (des bovinés stylisés), géométriques, ainsi que d’armes (des poignards et des hallebardes), mais il existe également – quoiqu’en moindre abondance – des représentations anthropomorphes.
Si les figurations humaines constituent la clé de voûte de la plupart des propositions d’interprétation de l’art gravé du mont Bego, elles n’avaient encore jamais fait l’objet d’une analyse spécifique et exhaustive.
De la profusion d’études portant sur le site, les recherches menées depuis 1967 sous la direction du professeur Henry de Lumley sont les plus marquantes.
En s’inspirant des récits de l’Antiquité et de la mythologie des différentes sociétés méditerranéennes et moyen-orientales, l’actuel directeur de l’Institut de Paléontologie Humaine avance l’hypothèse qu’il s’agit d’un vaste sanctuaire à ciel ouvert du Chalcolithique et de l’âge du Bronze ancien, dédié au mont Bego : demeure du couple primordial (le dieu taureau, dispensateur de la foudre, et la déesse terre), ainsi qu’à d’autres entités plus secondaires, solaires et aquatiques (Lumley 1977 ; Lumley et al. 1995 ; Lumley et Echassoux 2011).
Certains anthropomorphes complexes et de grandes dimensions, tous uniques et situés dans la vallée des Merveilles, sont alors considérés comme des images de ces divinités préhistoriques.
Au sein du « panthéon » proposé par Henry de Lumley, trois figures retiennent plus particulièrement l’attention :
elles affichent des pieds représentés en rotation interne. Dans l’ordre du système d’inventaire communément employé par les chercheurs, ce sont les gravures dites de l’ « Orante acéphale corniforme » (ZIV.GIII.R16D-20), du « Chef de tribu » (ZVII.GI.R8-1) et de la « Danseuse » (ZIX.GII.R4-15).
La représentation des pieds tournés vers l’intérieur est un code iconographique que l’on ne rencontre que très rarement parmi les productions humaines symboliques des cinq continents (Peeters 2006, p. 537, 541-542 ; Masson Mourey 2016, p. 117, 136).
Dans la statuaire anthropomorphe néolithique de Méditerranée occidentale, hormis dans le cas des statues-menhirs du Rouergue (Serres 1997), il est récurrent que les membres inférieurs n’apparaissent même pas (Arnal 1976 ; D’Anna 1977 ; Ambrosio 1998).
Et lorsque les pieds sont présents, ils ont été figurés de face, orientés dans le même sens ou vers l’extérieur, mais jamais tournés en dedans comme au mont Bego.
Henry de Lumley suggère que cette posture aurait naturellement permis de souligner l’appartenance des êtres représentés au monde de l’au-delà (Lumley et al. 1995, p. 354 ; Lumley et Echassoux 2011, p. 302-305).
Une telle explication ne s’appuie sur aucun argument tangible et, à notre connaissance, l’endorotation des pieds comme symbole divin n’est admise nulle part. En l’état, cette proposition est donc à écarter.
Dans une optique éthologique et selon Marc Peeters (2006, p. 543), les pieds tournés vers l’intérieur pourraient également signifier un « […] retrait pour se défendre d’une pression, d’une menace ou de quelque autre fatalité ».
Cependant, les comparaisons avancées dans l’étude de ce chercheur ne sont pas convaincantes. En outre, si les jeunes enfants peinent à représenter un personnage en perspective, ils ne l’affublent pour autant que très rarement de pieds tournés vers l’intérieur (Wallon et Lurçat 1958, p. 181). Ainsi, le prisme des sciences cognitives ne semble a priori pas adapté pour résoudre cette question.
La rotation interne des pieds constitue avant tout une anomalie physique et c’est en partant de ce constat que nous avons jugé pertinent d’interroger les sciences médicales.
La ressemblance avec les anthropomorphes aux pieds en dedans n’est-elle pas frappante ?
Aussi, nous émettons l’hypothèse suivante : il a pu exister, au sein de certaines communautés dont étaient issus les graveurs du mont Bego, au moment où se développe la métallurgie du cuivre dans le Midi méditerranéen, des individus atteints de la pathologie du pied bot varus équin bilatéral. Cette particularité physique aurait suffisamment marqué l’imaginaire symbolique pour faire l’objet de représentations rupestres exceptionnelles.
Cette hypothèse a pu être reproduite ici avec l’aimable autorisation de Mr Jules MASSON MOUREY.
Son mémoire soutenu en 2015-2016 a fait l’objet d’un article publié dans la revue Archéam et que vous pouvez trouver dans son intégralité en cliquant sur le lien suivant :
ARCHÉAM n° 23, 2017, pp. 86-90.
Egypte
On peut déjà voir sur un dessin de tombe égyptienne une représentation très évocatrice d’un pied bot varus équin bilatéral, chez un homme.
Epoque amarnienne (1353-1336 avant notre ère) : période du règne du pharaon Akhénaton dans sa nouvelle capitale, Akhetaton. (le nom arabe du site d’Akhénaton est Amarna, d’où l’adjectif amarnien, ienne).
Il s’agit vraisemblablement d’un cas de pied bot varus équin bilatéral.
Au XIIème siècle avant notre ére régnait sur l’Egypte un pharaon porteur de pied bot : Siptah
La momie de Siptah fut trouvée en 1898, quand Loret découvrit et fouilla le tombeau d’Amenhotep II, à Biban-el-Moluk.
Une fois transportée au Caire, le travail d’ôter les bandes entourant le corps fut commencé en 1905 par M.Georges Elliot Smith.
Toutes les enveloppes ôtées, le corps se révéla celui d’un homme encore jeune, haut de 1 m 638, avec des cheveux courts, épais, frisés, d’une couleur roussâtre.
La tête, la paroi antérieure abdominale et le bras droit de la momie avaient été sérieusement endommagés par les pilleurs de tombeau. Ainsi, l’avant-bras droit avait été fracturé ; et cette fracture, les prêtres l’avaient fixée avec des éclisses,quand ils renouvelaient les bandelettes entourant le corps nu et maltraité de Siptah, au moment de le transporter à sa cachette dans le tombeau d’Amenhotep II.
« Quand cette seconde enveloppe fut enlevée, le pied gauche parut encore entouré de son enveloppe première, originelle, et montrant la déformation de pied bot varus équin. » Voilà tout ce que contient, au sujet de cette difformité, le compte-rendu de M.Elliot Smith.
Dans un autre endroit, Elliot Smith, en parlant de ce pied, le désigne par le mot « club foot », ce qui pourrait peut-être indiquer qu’il a crû se trouver en présence d’un cas de pied bot congénital (pied varo-équin congénital) ; et c’est ainsi, également, que Ruffer paraît l’avoir compris, quand il associe ce cas à des représentations égyptiennes, plus anciennes, dont il est indubitable qu’elles figurent la déformation congénitale. En même temps, heureusement, l’archéologue anglais nous donne d’excellentes photographies tant de la momie entière que de ses pieds ; seulement, la première a malheureusement été prise avant que les bandes eussent été complètement enlevées. Toutefois, on y voit distinctement l’arrangement des éclisses sur l’avant-bras droit.
A notre opinion, ces photographies prouvent d’une manière indubitable que Siptah, aussi, a souffert, à un moment donné, d’une poliomyélite antérieure, et que la déformation de son pied n’est pas un pied bot congénital, mais qu’elle est due à une paralysie des muscles de la jambe, laissée par cette maladie. La difformité est donc précisément la même que celle de Ruma, le prêtre.
Chine
Contrairement à bien d’autres cultures, la société chinoise a attribué depuis fort longtemps une valeur esthétique et sociale importante aux « petits pieds ».
L’aspect « pied bot » était recherché depuis le plus jeune âge, et il existait des méthodes destinées à déformer un pied normal pour lui donner l’aspect souhaité.
Aspect de pied de jeune chinoise, ayant subi une déformation style « pied bot » Pour certains auteurs, cette pratique se perdrait dans la nuit des temps. Un historien chinois prétend que cette mode fut établie en 1100 avant Jésus-Christ. Une certaine impératrice Ta-Ki avait un pied bot : elle persuada à son mari — vraisemblablement homme faible — de décréter obligatoire la compression des pieds des petites filles, pour les rendre semblables à celui de leur Souveraine, donné comme modèle de beauté et d’élégance. Peut-être cette version a-t-elle un fond de vérité ; le pied déformé est légèrement varus équin.
D’autres auteurs prétendent qu’un monarque fantaisiste, Hang-Ti, 600 ans après Jésus-Christ, avait forcé une de ses concubines à se comprimer les pieds. Il avait fait imprimer sous la semelle une fleur de lotus, qui, à chaque pas de la favorite, laissait son empreinte sur le sol : de là le nom de lis d’or, encore employé pour désigner le pied. de la Chinoise.
Une autre tradition veut que cette habitude remonte à l’Empereur Li-Yo qui tenait sa cour à Pékin en 916 après Jésus-Christ ; le souverain s’avisa de faire tordre le pied d’une de ses femmes pour lui donner une vague ressemblance avec le croissant de la lune. Les courtisans se pâmèrent aussitôt d’admiration et la chose devint de mode.
D’autres auteurs soutiennent que cette habitude de déformer le pied n’a d’autre but que d’empêcher la femme de courir et de donner la sécurité au Chinois, très jaloux. Si tel est le but poursuivi, le résultat est négatif, car les petits pieds n’empêchent guère la femme de marcher, de courir, de danser, jouer au volant ou faire des acrobaties, à cheval ou sur la corde.
Quelle qu’en soit l’origine, cette habitude est fort répandue. La beauté chinoise réside en grande partie dans le pied. « Un pied non déformé est un déshonneur », dit un poète. Pour le mari, le pied est plus intéressant que la ligure. Seul le mari peut voir le pied de sa femme nu. Une Chinoise ne montre pas plus facilement ses pieds à un homme, qu’une femme d’Europe ses seins. Il m’est arrivé de donner, souvent, mes soins à des femmes chinoises à pied ridiculement petit, pour plaies, excoriations survenues du fait du bandage trop serré. Elles avaient des pudibonderies de pensionnaires, rougissaient, faisaient mille manières pour se laisser examiner, me tournaient le dos pour défaire les bandes et dissimulaient, ensuite, leur pied dans un linge, ne laissant à découvert que la partie malade. La pudeur est une question de convention : les Chinoises l’ont pour les pieds.
Ces informations sont issues de l’ouvrage suivant :
LA CHINE HERMÉTIQUE,
Superstitions, crime et misère
par J.-J. MATIGNON
Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1936, 400 pages.
Première édition, sous le titre ‘Superstitions, crime et misère’, 1898.
Pour consulter le chapitre de ce livre consacré à la technique de déformation des pieds : cliquer sur l’image suivante :
Grèce
Hippocrate (Médecin grec,né sur l’île de Cos en 460 avant N.E.et mort à l’Arissa en 370 avant N.E.) fut le premier à essayer de comprendre et de traiter cette maladie, et ceci dès la naissance.
« Le pied bot est curable dans la majorité des cas. Le mieux est de traiter cette lésion le plus tôt possible avant qu’il ne devienne une atrophie prononcée ».
Le pied-bot de naissance est curable dans la plupart des cas, à moins que la déviation ne soit très considérable, ou que les enfants ne soient déjà grands. Le meilleur est donc de traiter le plus tôt possible cette affection, avant que les os du pied aient souffert une très grande diminution, avant que les chairs de la jambe aient été beaucoup réduites. Il n’y a pas une espèce seule de pied-bot ; il y en a plusieurs ; la plupart sont non pas des luxations complètes, mais des déviations du pied en dedans, retenu par une force quelconque dans une attitude constante. Voici les points auxquels il faut faire attention dans le traitement : on repoussera et redressera en dedans l’os de la jambe qui est en dehors à la malléole externe ; par une action contraire, on poussera en dehors la portion du talon qui est dans la direction de la jambe, afin de remettre dans leurs rapports réciproques les os qui font saillie au milieu et sur le côté du pied ; par un mouvement d’arc de cercle, on abaissera en dedans tous les orteils, y compris le gros, et on les assujettira dans cette position. L’appareil sera fait avec du cérat où il y aura une forte proportion de résine, avec des compresses, avec des bandes souples, assez nombreuses, et qu’on ne serrera pas beaucoup. Les tours du bandage marcheront dans le sens du redressement opéré par les mains, de manière que le pied, porté au-delà de sa position naturelle, incline en dehors. On aura une semelle faite ou d’un cuir qui ne soit pas trop dur, ou d’une lame de plomb ; on fixera non sur la peau même, mais avant de placer les dernières bandes. Le bandage ainsi posé, on coud du coté du petit doigt, aux pièces d’appareil qui sont à la partie inférieure du pied, le bout d’une des bandes de l’appareil ; puis, la tirant en haut autant qu’on le juge convenable, on la roule au-dessus du mollet, afin que la disposition qu’on lui a donné soit stable. Bref, il faut, comme si l’on modelait de la cire, ramener à la conformation naturelle les parties déviées et les parties distendues, exercer par le bandage la même action de redressement que par les mains, procéder dans ces manœuvres non arec violence, mais avec douceur, et coudre les bandes suivant la direction où il importe de soutenir la partie ; car le sens où il faut soutenir varie suivant le sens de la lésion. On ajoutera par dessus le bandage une petite chaussure en plomb, qui sera disposée comme l’étaient les crépides de Chios ; mais on peut s’en passer si l’on sait redresser convenablement avec les mains, appliquer convenablement les bandes.
Moyen-âge (Vème -Xème siècle Ap.N.E.)
Au moyen âge, le pied bot était considéré comme un signe d’origine divine (donc comme une punition) et possédait déjà cette image négative.
La poliomyélite a provoqué de nombreuses déformations dans toute l’histoire de l’humanité avant l’ère de la vaccination, seul traitement de la maladie.
Toutes sortes de formes de pieds bots peuvent être observées au stade de séquelle de la poliomyélite.
Les archéologues ont découvert dans le sarcophage N°20 de l’abbaye Saint-Victor, à Marseille, les signes d’une telle déformation datant du Vème siècle de notre ère.
VIIème siècle
Ce souverain maya était porteur de pied bot.
K’inich Janaab’ Pakal I (23 mars 603 – 28 août 683), aussi connu sous le nom de Pacal II et de Pacal le Grand, fut le plus célèbre souverain de la cité-État maya de Palenque.
Il monta sur le trône à l’âge de 12 ans le 29 juillet 615, et vécut jusqu’à l’âge de 80 ans. Son nom signifie « Grand Soleil (K’inich) – «Bouclier» (Pakal) – «rayonnant (?)» (Janaab’) en maya.
K’inich Janaab’ Pakal I restaura la puissance de Palenque après une série de revers catastrophiques au cours de conflits avec Calakmul et se lança dans une campagne de constructions qui marquent encore de leur empreinte le site archéologique actuel.
La découverte de son tombeau en 1952 est considérée comme une des plus importantes de l’archéologie maya.
Site archéologique de Palenque
K’inich Janaab’ Pakal I (né le 23 mars 603, à Palenque – mort le 28 août 683)
XIIème siècle
Rabbi Shlomo ben Itzhak HaTzarfati plus connu sous le nom de Rabbi Salomo ou Rachi (1040-1105) Né à Troyes vers 1040 et mort dans la même ville le 13 juillet 1105, Rabbi Salomo a sûrement été pour sa communauté juive troyenne un rabbin respecté, un exégète et un poète fameux, un légiste et un décisionnaire célèbre.
Pour la France septentrionale au XIeme siècle, en particulier par ses gloses et écrits divers en ancien français, il demeure surtout un écrivain, un philosophe, un chroniqueur vigneron champenois qui atteste de la saveur et de l’état de la langue orale et véhiculaire d’alors.
Rachi est l’un des premiers auteurs à utiliser la langue française, telle qu’elle s’entendait en Champagne au XIe siècle, dans ses écrits, alors que la plupart des auteurs français qui lui sont contemporains utilisaient le latin.
À chaque fois qu’il le jugeait utile, Rachi commentait en effet un mot ou une expression difficiles, issus du texte biblique ou talmudique, dans la langue qu’il parlait habituellement, passant ainsi de l’hébreu au français. Rachi retranscrit phonétiquement en lettres hébraïques les mots français, de sorte que les mots conservent leur prononciation, ce qui fait des Commentaires de Rachi « l’un des plus précieux documents que l’on possède sur l’état réel du français tel qu’il était parlé dans la seconde moitié du XIeme siècle » Pour Raschi, « bot » signifie crapaud
1539 Chrétien de Troyes (1135-1185) Poète français et auteur de romans de chevalerie.
Dans son recueil de poèmes intitulé Erec et Enide publié vers 1160/1164, on retrouve au vers N°1020 le terme « bot »
Jeanne de Bourgogne (1293 ? – 1349) surnommée « Jeanne la Boiteuse » ou la « male royne boiteuse« , devient, par son mariage avec le futur roi Philippe VI de Valois, reine de France de 1328 à 1349. Elle est aussi la mère du roi Jean II le Bon. Jeanne est la troisième fille de Robert II, duc de Bourgogne et de son épouse Agnès de France, dernière fille du roi Saint Louis.
Le , à Sens, la jeune Jeanne est promise en mariage par ses parents à Philippe, fils aîné de Charles de Valois, frère du roi Philippe IV le Bel, avec une dot de 55 000 livres tournois. Par la même convention, le frère de Jeanne, Hugues, héritier du duché, est promis à Catherine, demi-sœur de Philippe de Valois née du remariage de son père avec Catherine de Courtenay, impératrice titulaire latine de Constantinople.
Le mariage entre Jeanne de Bourgogne et Philippe de Valois n’a lieu que dix ans plus tard, à la fin juillet 1313, au château de Fontainebleau. En même temps est célébrée l’union de Catherine de Valois, demi-sœur du marié et héritière des droits théoriques sur le défunt empire latin de Constantinople, avec Philippe, prince de Tarente, frère de Robert Ier, roi de Naples.
Par son mariage avec Philippe de Valois, Jeanne devient successivement comtesse du Maine (1314-1328), puis comtesse de Valois et d’Anjou (1325-1328) et reine de France (1328-1349), lorsque son époux monte sur le trône en 1328 sous le nom de Philippe VI.
Durant la guerre de Cent Ans, Jeanne de Bourgogne fut amenée à exercer la régence du royaume. Dès 1338, Philippe VI, dans l’obligation de se déplacer constamment pour livrer bataille, lui confia les pleins pouvoirs en son absence. Cette fonction lui attira une bien mauvaise réputation, accentuée par sa difformité — Jeanne était boiteuse — signe d’une possible malédiction selon certains.
En savoir plus :
Chronique des quatre premiers Valois (1327-1393)
XVème et XVIème siècle
Jérôme Bosch (1450-1516) peintre néerlandais, du mouvement des primitifs flamands.
Sur cette oeuvre Mendiants et estropiés, dessin à la plume et encre marron sur papier (26,5 × 19,8 cm), on peut se demander si le personnage central n’est pas porteur d’un pied bot varus équin gauche.
Franciscus Arcaréus (1493-1573) Docteur en physique et chirurgien, né en 1493 et mort en 1573. Il publie un ouvrage (en latin) en 1558 : « De recta curandorum vulnerum ratione et aliis ejus artis praeceptis libri II » où il est possible de voir à la page 173 une attelle et une chaussure orthopédique pour pied bot.
Ambroise Paré (1510-1590)
Concernant l’aspect plus médical du pied bot, il faut attendre le XVIème siècle, avec Ambroise Paré et Félix Würtz de Bâle (1518-1574?), pour voir apparaître de nouvelles descriptions plus rationnelles du pied bot, et surtout des propositions de traitement par contention externe progressive.
La technique utilisée par Ambroise Paré était très proche de celle d’Hippocrate :
1°/commencer très tôt le traitement
2°/corriger doucement par manipulations
3°/maintenir la correction longtemps (bandages, chaussures).
Exemple d’appareillages utilisés par Ambroise Paré :
à gauche, appareillage de dorsiflexion
à droite, botte en métal pour maintien de la correction
Enfant qui a esté pressé au ventre de sa mere, ayant les mains & pieds tortus
Monstres et monstruosités . XVIeme siècle
Ouvrage : Les oeuvres d’Ambroise Paré… divisées en vingt huit livres
Edition : Paris : G. Buon, 1585
Taille originale : 119 x 62 mm
Technique : Gravure – Bois
Félix Würtz, de Bâle (1518-1574 ?) Félix Würtz est né à Zurich. Les dates de naissance et de mort sont peu sûres. On l’estime entre 1500 et environ 1510. La date son décès est approximativement entre 1590 et 1596. Würtz a vécu et a pratiqué à Zurich et Strasbourg.
Würtz n’a reçu aucune étude universitaire, mais a fait son apprentissage de chirurgien à 14 ans. Alors il était un coiffeur et a travaillé vraisemblablement comme un assistant médecin. Dès 1536 sur il était membre de la guilde des coiffeurs à Zurich. Il était un ami de Conrad Gesner, le médecin de ville et célèbre naturaliste . Vraisemblablement Gesner a donné à Würtz des conseils pour écrire sur ses expériences et connaissances de chirurgien.
L’ouvrage principal de Würtz est « Praktika der Wundartzney », publié à 1563 à Bâle. Würtz y décrit ses méthodes de traitement de blessures et critique plusieurs traditions médicales. Ce livre est appelé par Steinbrecher comme « un des plus originaux et des plus importants livres médicaux du 16ème siècle ».
Würtz s’oppose à certains traitements qu’il juge mauvais. Il critique en particulier la suture chirurgicale et recommande seulement certaines indications précises. Il souligne que la qualité des chirurgiens relève de leurs expériences pratiques. Cet philospophie est retrouvée dans le « Le Livre des Enfants », qui a été publié après sa mort par son frère Rudolf en 1612 comme une partie du livre sur la chirurgie.
Ce livre est une contribution importante à la pédiatrie. Là, Würtz discute en détail effets pervers et des déformations provoquées par l’emmaillotement. Il semble être le premier auteur qui a ouvertement critiqué certaines formes de traitements anciens des petits enfants.
XVIIème siècle
Jean Nicot (1530-1600) Bot.
Adjectif qui se retrouve dans le premier dictionnaire de la langue française publié en 1606 (Jean Nicot, Thresor de la langue françoyse) et qui est défini de la façon suivante :
Bot, m.= Mousse, tronqué en rond par contre-facture. Ainsi Pied bot, c’est à dire, contre-fait, en rond et mousse, dont peut partir Boiter, Boitouser et Boiteux.
Randle Cotgrave (?-1634)
Randle Cotgrave, né au XVIe siècle et mort en 1634, est un lexicographe anglais.
Originaire du Cheshire, Cotgrave est entré à l’Université de Cambridge en 1587. Il fut secrétaire de William Cecil, 1er baron Burghley, avant de publier A Dictionarie of the French and English Tongues, un dictionnaire, avec les mots français et les définitions en anglais, souvent présenté comme le premier dictionnaire français-anglais.
On y touve en 1611 une définition de l’adjectif « bot ».
Jusepe de Ribera (1591-1652)
En 1642, Jusepe de Ribera peint pour le vice-roi, le duc de Medina de las Torres, une toile représentant un jeune mendiant porteur d’un pied bot, toile actuellement exposée au musée du Louvre.
Le jeune infirme tient un papier sur lequel on lit en latin « Donnez-moi l’aumône pour l’amour de Dieu ».
Il ne s’agit pas d’un pied bot idiopathique mais d’un pied bot neurologique, s’intégrant dans un contexte d’hémiplégie droite : on peut en effet constater une déformation du poignet et de la main droite.
XVIIème et XVIIIème siècle
Nicolas Andry de Boisregard (1658-1742)
Nicolas Andry de Boisregard, né en 1658 à Lyon et mort le 13 mai 1742, inventeur du terme « orthopédie », a également écrit sur le pied bot dans son ouvrage : ‘Orthopédie, ou l’Art de prévenir et de corriger dans les enfants les difformités du corps.’
William Cheselden (1688-1752)
William Cheselden, chirurgien anglais né le 19 octobre 1688, à Somerby, Leicestershire, et mort le 10 avril 1752, à Bath.
Cheselden développa une technique de bandage pour les pieds bots (à base de blanc d’œuf et de farine).
Jean André Venel d’Orbes (1740-1791)
Jean André Venel , naquit à Morges, au Pays de Vaud , le 28 Mai 1740.
Il est considéré comme le père de l’orthopédie.
« Un événement inopiné fut ici, comme souvent , l’occasion d’un changement total de direction dans sa vie. Monsieur Nicati , pasteur de Lille, au bailliage de Morges, avait
un fils en bas âge, dont le pied droit était dévié en dedans et renversé de telle sorte que l’entant marchait sur le bord externe du pied et sur la malléole. Sa mère faisant un séjour à Orbe, auprès d’une parente, prit avec elle son enfant. Dans une visite que madame Nicati fit à Madame de J. de B — , dont l’un des fils avait reçu un coup de feu à la jambe, Madame Nicati fit voir son enfant estropié au chirurgien de la maison. Le chirurgien conseilla d’abord
de faire venir de Paris les appareils propres à redresser le pied dévié ; mais après un moment de reflexion , il ajouta : nous avons ici un jeune chirurgien fort intelligent, je veux
lui soumettre le cas, peut-être trouvera-t-il un appareil convenable : ce jeune chirurgien était A. Venel. Celui-ci ayant examiné le pied du jeune Nicati le déclara susceptible de guérison et se chargea de le soigner ; mais comme il n’était pas mécanicien, il eut recours à la main adroite d’un serrurier nommé Corlet. Les appareils que Venel fit exécuter étaient fort simples. L’un s’appliquait durant le jour et l’autre pendant la nuit. De jour le malade chaussait une botine, dont le talon formé par une plaque en fer, portait une tige de même nature, qui montait jusqu’au genou, au-dessous duquel elle était fixée par une courroye. L’enfant pouvait très bien marcher avec cet appareil. Pendant la nuit on appliquait le long du membre une bande de fer qui maintenait le pied dans la position du jour. Ces deux appareils appliqués d’abord, pendant un certain temps, par monsieur Yenel, puis ensuite par Madame Nicati elle-même, suffirent pour ramener peu à peu le pied contourné à sa position naturelle. Le jeune Nicati grandit et vécut encore assez longtemps parfaitement guéri ; il faisait fréquemment des courses de montagne fatiguantes. On ne pouvait remarquer aucune différence entre ses deux pieds. Tels furent les premiers appareils et la première cure qui devaient faire de Venel le fondateur de l’orthopédie. »
Extrait de la Revue suisse, N°9 septembre 1840.
XVIIIème et XIXème siècles
Charles-Maurice de Talleyrand (1754-1838)
A cheval sur le XVIIème et le XVIIIème siècle vivait Charles-Maurice de Talleyrand, un des personnages les plus célèbres porteur de pied bot varus équin. Il dissimulait l’origine congénitale de sa maladie en racontant qu’une nourrice maladroite avait provoqué un accident dans son enfance, ce qui montre le caractère négatif que cette déformation avait encore à l’époque.
« L’examen de l’appareil orthopédique exposé au Château de Valençay apporte des renseignements complémentaires. Sur toute la longueur du côté externe de la chaussure, la lisse est débordante, surélevée, et taillée obliquement, pour reporter la base de sustentation en dehors de l’axe du poids du corps et corriger ainsi la supination par l’action de la pesanteur lors de la mise en charge. Ce dispositif est complété par un contrefort externe rigide remontant sur le côté du talon, englobant la malléole, et capitonné du fait des blessures cutanées qu’il aurait été susceptible de provoquer en regard de la saillie malléolaire. Enfin, existe un étrier court étreignant le talon et supportant, par l’intermédiaire d’une articulation à butée réglable, un tuteur interne solidarisé à la jambe par une embrasse de mollet, elle aussi articulée. A cela s’ajoute une sangle en T dont la rampe s’insère à la partie externe du talon, coiffe la malléole externe, et, par ses deux branches horizontales, vient prendre appui sur le tuteur interne. Seule diffère du modèle prescrit par R. Ducroquet, la façon de relier le tuteur interne à la chaussure, la boucle qui ferme la chaussure en plus du laçage, semblable à celle qui existe du côté opposé, ne devant pas d’autre part être interprétée comme une bride de cou-de-pied d’indication orthopédique.
Un appareil redresseur se trouve donc fixé sur une chaussure orthopédique qui s’avère être à la fois compensatrice et correctrice d’une déformation en varus équin du pied, mais dont les dimensions excèdent par ailleurs de beaucoup celles d’une chaussure ordinaire, à la fois par le volume et par la longueur. »
Le pied bot de Talleyrand et son association à un syndrome de Marfan
In J.CLAUSTRE « LE PIED A TRAVERS L’HISTOIRE », MASSON Paris 1991
(pp. 66-76) par Marius LACHERETZ
Cette période de l’histoire a vu se développer une médecine de plus en plus scientifique, et les premiers « essais thérapeutiques » en matière de pied bot.
Demoiselle Fourgoy (XVIIIème siècle)
Le curieux livre de Carré de Montgeron, dans lequel cet auteur expose avec tant de soin l’histoire de la maladie et de la guérison de quelques-uns des miraculés, devient pour nous un véritable recueil d’observations médicales, qui par la précision des détails nous permet de reconnaître aujourd’hui la véritable nature des accidents morbides dont il est parlé.
Nous n’aurions rien à en dire ici si ce livre n’était accompagné de gravures fort intéressantes, et dont certaines présentent, à notre point de vue spécial, un haut intérêt.
Nous citerons, par exemple, une gravure relative à la guérison d’une demoiselle Fourcroy, qui, privée depuis quinze mois de l’usage du pied gauche, fut guérie subitement à la suite de convulsions sur le tombeau même du bienheureux (François de Paris, mort le 1er mai 1727).
La relation du cas nous a permis d’établir que cette demoiselle présentait les signes les plus variés de la grande névrose ; mais l’affection du pied gauche, si curieusement décrite par Montgeron et déclarée incurable, si imprudemment, par cinq célébrités médicales de l’époque, fait l’objet d’un dessin très remarquable dans l’espèce.
Il vaut à lui seul plus et mieux qu’une longue description ; il suffit pour établir la véritable nature du mal, et rien qu’à le considérer, il est impossible de ne pas reconnaître les signes si typiques et si précis du « pied-bot hystérique ».
La demoiselle Fourcroy était donc atteinte d’une contracture hystérique du pied gauche. On reconnaîtra tout l’intérêt de cette révélation, lorsque l’on saura que la contracture hystérique, qui parfois immobilise un membre pendant des années, loin d’être incurable, guérit d’ordinaire de la façon la plus imprévue, subitement, sous l’influence d’une vive impression morale et souvent à la suite des attaques de convulsions généralisées.
C’est dans de semblables circonstances que la demoiselle Fourcroy a guéri, et une seconde gravure de l’ouvrage de Montgeron la représente, après le miracle, s’avançant d’un pas assuré, au milieu de la foule qui admire et qui se précipite à genoux.Voir Études cliniques sur la grande hystérie, par Paul Richer, 2ème édition, page 872.
Charles White ( 1728-1813)
Charles White, né le 4 Octobre 1728 et mort le 20 février 1813.
Ce chirurgien anglais de Manchester reprit la méthode décrite par William Cheselden en y ajoutant une attelle en molesquine.
Antonio Scarpa (1747-1832) Dès 1803 Antonio Scarpa, médecin italien propose un ouvrage sur la manière de corriger le pied bot congénital.
Né à Motta di Livenza en Vénétie (marche de Trévise) le 13 juin 1747, Antonio Scarpa étudie à l’université de Padoue sous la direction de Jean-Baptiste Morgagni et devient en 1772 professeur à l’université de Modène, où il fonde sa réputation par des cours de clinique et d’opérations chirurgicales.
Il est appelé en 1783 à la chaire d’anatomie et de chirurgie de l’université de Pavie, et devient directeur de la Faculté de médecine.
Il est connu pour avoir remis en honneur l’opération de la cataracte par abaissement, accrédité la méthode de Hunter pour les anévrismes, imaginé le procédé de la ligature par l’aplatissement, et exécuté des travaux sur les organes de l’ouïe et de l’odorat, sur les ophtalmies, les hernies, etc.
Il est membre de la Royal Society (1791), de l’Académie des sciences (correspondant en 1804 et associé étranger en 1817), et de l’Académie royale des sciences de Suède (1821)
Quand Antonio Scarpa est mort le 31 octobre 1832, il a suivi le même destin de nombreux cadavres qui ont fini sur son bloc d’anatomie. Son corps a été disséqué et examiné dans le détail moindre. Ses mains et la majeure partie de ses intestins ont été enlevés et placés dans le musée d’anatomie, où sa tête a été aussi préservée, mais gardée cachée pendant un certain nombre d’années (la tête de Scarpa est actuellement gardée au Musée d’Histoire de l’Université de Pavie)
Maurice Gerhard Thilénius (1745-1809) Les informations suivantes qui proviennent du Mémoire de l’Académie Royale de médecine (Tome 7), édité en 1838, permettent de retrouver la trace de la première ténotomie du tendon d’Achille dans le traitement du pied bot varus équin.
Mémoire de l’Académie Royale de Médecine, 7ème Tome, 1838
(1) Medic. und chir. Bemerkungen, ou Observations de médecine et de chirurgie, par Thilenius. Francfort, 1789.
(2) Journal de Hufeland, tom. XXXIII.
(3) Siebold, Recueil d’observations chirurgicales (en allemand), et Gazette de Salbourg, tom. IV, 1813.
(4) Rust’s Magazin, tome. XXXIX, et Archives générale de médecine, janvier et juin 1834.
La première ténotomie (Glossaire)du tendon d’Achille (section complète du tendon qui tire le talon vers le haut) fut réalisée par Lorenz, barbier à Francfort le 26 mars 1784, sur une jeune patiente de 17 ans, sous les directives du Dr Thilénius, chirurgien allemand.
« Thilenius, médecin des environs de Francfort, a publié, en 1789, le premier cas de section du tendon d’Achille (1). Je rapporterai textuellement cette observation peu connue.
« Une fille, âgée de plus de 17 ans, portait depuis son bas âge un pied-bot en dedans, du côté gauche, qui la faisait marcher sur le bord externe de ce membre. Toute espèce de machines, des frictions de toute sorte, avaient été employées sans succès. Les os étaient tellement déviés, le pied si contourné, le tendon d’Achille tellement raccourci, qu’elle marchait presque entièrement sur le dos du pied, qui était comme retourné sur lui-même ; ce qui la faisait boiter considérablement. La peau s’excoriait fréquemment vis-à-vis l’endroit qui portait le corps, et la progression était très pénible. Le 26 mars 1784, le tendon d’Achille fut entièrement coupé en travers avec la peau; la malade perdit à peine une once de sang. Le talon qui était fortement élevé descendit aussitôt de deux bons pouces, et cette fille put marcher le pied tout-à-fait à plat. L’opérateur, M. Lorenz, maintint le pied dans cette position par un bandage convenable, et la guérison fut si heureuse, dit l’auteur, que cette grande plaie était parvenue sans aucun accident, six semaines après, à une cicatrisation complète. On employa encore pendant quelque temps des bains relâchans ; le tendon fut frictionné avec l’onguent d’althéa, et cette fille marcha dès-lors naturellement comme tout le monde. »
Chrétien Frédéric Michaëlis (1754-1814)
En 1809, Thilénius fut suivi par Michaëlis.
Michaëlis, médecin à Marbourg, auteur d’un mémoire sur la section partielle des tendons, imprimé en 1811 (2), se bornait à couper une partie de leur épaisseur, afin que la portion restante se prêtât plus facilement à l’extension. Il pratiqua cette opération, dans le courant de 1809 et de 1810, dans trois cas de pied équin et dans un varus. Dans ce dernier cas, ce fut le tendon du jambier antérieur qui fut divisé. Les sujets affectés de pied équin étaient âgés de seize à dix-sept ans. La cure n’exigea pas plus d’un mois, et elle fut si complète dans un pes eguinus double, qu’il eût été impossible de soupçonner que ce vice de conformation avait existé. Michaëlis faisait également la section partielle des fléchisseurs du genou, dans les flexions permanentes de cette articulation, celle des fléchisseurs des doigts rétractés, et proposait de couper en partie le tendon du biceps brachial dans la flexion du coude. Il n’a pas décrit son procédé opératoire. Il appliquait, après la section du tendon d’Achille, une sorte de pantoufle de Petit renversée, pour relever la pointe du pied.
Stromeyer pensait que Michaëlis avait coupé en entier le tendon d’Achille sans le savoir.
Johan Friedrich Sartorius
En 1812, Sartorius utilisa une technique de division du tendon d’Achille sur une jeune garçon.
Sartorius, du duché de Nassau, fit connaître en 1812 (3) un cas dans lequel il avait pratiqué, eh 1806, la section complète du tendon d’Achille sur un garçon de treize ans qui, à la suite d’un abcès de la partie postérieure de là jambe, portait depuis sa septième année un pied équin tellement considérable, que la marche se faisait sur le dos du pied, et que les orteils étaient tournés directement en arrière, le tendon d’Achille avait résisté à toute espèce de moyens d’extension. Sartorius fit avec un bistouri convexe, sur le milieu du tendon, une incision longitudinale de près de quatre pouces, ouvrit sa gaîne, la divisa sur une sonde cannelée écarta les lèvres de la plaie, introduisit la pointe d’un bistouri étroit sous le tendon, qu’il coupa d’un seul trait, et dont les deux bouts offrirent aussitôt un écartement d’un pouce. Le pied paraissant encore retenu par l’adhérence de la partie inférieure du tendon avec les cicatrices qui le recouvraient , ainsi qu’avec les parties sous-jacentes, il prolongea la première incision jusqu’auprès du talon et détruisit ces adhérences. Ne pouvant malgré cela rétablir complètement la situation naturelle du pied, il le ramena avec force en avant ; ce qui fut accompagné d’un craquement violent, comme si tous les os se brisaient, et d’une douleur qui fit pousser au malade des cris effroyables. Un bandage fut appliqué pour main tenir le membre dans cette situation. Le malade guérit avec une ankylose de l’articulation tibio-tarsienne.
Jacques Mathieu Delpech (1772-1832)
Delpech, à Montpellier réalisa en 1816 une section percutanée du tendon d’Achille sur un garçon de 7 ans. Le résultat fut un succès, mais la technique fut arrêtée en raison du nombre important d’infections post-opératoires. Le traitement était donc essentiellement orthopédique par appareillages externes.
« Delpech est le premier qui fit l’opération de manière à laisser (es téguments intacts. Son procède opératoire consistait à plonger un bistouri droit en avant du tendon , à traverser le membre , et à faire d’un seul coup deux espèces de boutonnières d’un pouce de longueur chacune ; il introduisait ensuite dans la plaie un bistouri convexe avec lequel il coupait le tendon d’avant en arrière, en s’arrêtant à la peau »
BULLETIN GENERAL de THERAPEUTIQUE MÉDICALE ET CHIRURCICALE, 1839
Voici comment ceci est relaté dans le mémoire déjà cité plus haut :
Delpech fit le premier l’opération de manière à laisser la peau intacte sur le tendon, dans le seul cas qu’il ait publié (1), et dont je vais rappeler les principales circonstances.
Le jeune A , âgé de six ans et demi, était affecté d’un pied équin du côté droit, accompagné d’un fort renversement du tarse et du métatarse vers la plante du pied. Le membre, excessivement amaigri, avait conservé sa longueur naturelle. La jambe était presque réduite au volume de ses os. Il y avait une claudication très prononcée. Le calcanéum, couché sur les os de la jambe, ne pouvait être abaissé par les plus grands efforts, et quand le malade était debout, le poids du corps reposait sur les quatrième et cinquième métatarsiens.
La section du tendon fut pratiquée le 9 mai 1816. Delpech plongea la lame d’un bistouri droit en avant du tendon, et traversa la jambe d’outre en outre à peu près comme dans l’opération du selon, de manière à inciser la peau de chaque côté dans l’étendue d’un pouce environ. Il divisa ensuite le tendon, en introduisant au dessous de lui un bistouri convexe, dont le tranchant fut dirigé du côté des tégumens, mais de manière à épargner ceux-ci. Le pied put immédiatement être ramené dans ta flexion, mais Delpech jugea convenable de le maintenir d’abord étendu de manière que les deux bouts fussent exactement affrontés.
Le dixième jour, on trouva vis-à-vis le lieu de la section une petite tumeur purulente, qui soulevait les tégumens, et dont le pus fut facilement évacué par les plaies restées ouvertes.
Il sortit par les plaies, le douzième jour, avec une assez grande quantité de pus, des eschares minces de tissu tendineux. La suppuration alla dès-lors en diminuant. Un léger mouvement fébrile, qui s’était manifesté le cinquième jour, cessa entièrement, et l’on put accorder des alimens au malade.
Les plaies étaient en partie cicatrisées le vingt-huitième jour. Le tendon paraissait alors solidement réuni, et l’endroit de la section n’était marqué que par un rétrécissement en forme de collet. Ce fut à cette époque seulement, que l’on commença à ramener le pied en avant, afin d’allonger graduellement la substance intermédiaire très- courte, qui occupait le lieu de la section. Cet Allongement n’eut lieu qu’avec de très vives, douleurs, qui devenaient insupportables chaque fois que l’on augmentait l’action de l’appareil.
Au bout de huit jours, le pied faisait un angle droit avec la jambe ; il avait éprouvé en même temps une légère déviation en dehors, à laquelle on opposa vainement des attelles latérales.
L’action de l’appareil fut continuée un mois encore. Au bout de ce temps, la cicatrice du tendon avait environ deux pouces d’étendue et paraissait moitié moins large que le tendon lui-même; elle s’opposait invinciblement à ce que le pied fût fléchi au-delà de l’angle droit. Malgré la légère déviation du pied en dehors , le malade s’en servait presque aussi bien que de celui du côté opposé. Néanmoins il fallut encore deux mois de l’usage des bains de mer pour obtenir la cicatrisation complète des incisions extérieures.
Delpech a représenté l’état du pied trois ans après l’opération. La déviation en dehors n’était pas encore entièrement corrigée ; la voûte plantaire, fortement exagérée, indiquait que le traitement employé n’avait agi que sur l’articulation tibio-tarsienne. La jambe était restée maigre; le tendon était plus grêle, quoique très-résistant, dans le lieu où il avait été divisé, et il offrait un bourrelet sensible au dessus et au dessous.
Bouvier, qui pu examiner le patient de Delpech vingt ans plus tard à Paris a assuré que le résultat avait persisté et que la marche s’effectuait dans de bonnes conditions.
Georg Friedrich Louis Stromeyer (1804-1876)
Malgré le succès qui suivit, dans ce cas, la section du tendon des extenseurs du pied, le professeur de Montpellier ne paraît pas l’avoir pratiquée depuis, et cette tentative unique ne semblait pas devoir trouver d’imitateurs, lorsqu’en 1833 et 1834, M. Stromeyer, de Hanovre, publia six nouveaux cas de section du tendon d’Achille, dans lesquels il avait modifié le procédé suivi par Delpech (4).
Au lieu d’inciser la peau longitudinalement de chaque côté du tendon, M. Stromeyer divisa celui-ci en enfonçant au devant de lui un bistouri étroit et convexe, qui ne laissait d’autre trace de son passage qu’une petite plaie transversale de la largeur de la lame et une incision semblable, ou même une piqûre légère, du côté opposé. Ces petites plaies se fermaient, sans suppurer, du troisième au cinquième jour.
Au lieu d’attendre au vingt-huitième jour pour pratiquer l’extension du tendon, le chirurgien de Hanovre ramena le pied en devant le dixième jour, dans les adultes, et dès le cinquième jour dans les jeunes sujets. De cette manière, des douleurs moins vives accompagnèrent l’allongement d’une substance intermédiaire plus extensible, et l’on risqua moins de trouver cette substance trop solide à l’époque de l’extension ; circonstance qui fit échouer l’opération sur un enfant de sept ans, chez lequel M. Stromeyer n’avait commencé à étendre le tendon qu’au huitième jour.
M. Stromeyer fit sa première opération le 28 février 1831, et sa dernière le 11 mars 1834. Il divisa le tendon d’Achille dans quatre cas de varus et dans deux de pied-équin. Un seul pied était affecté dans chacun de ces six cas. Le sujet le plus jeune avait sept ans, le plus âgé trente-deux ans ; deux étaient âgés de dix-neuf ans, un de treize, un autre de neuf. Cinq étaient du sexe masculin, un seul du sexe féminin. La difformité e’tait congéniale chez deux d’entre eux; elle s’était manifestée, dans un cas, dix-huit mois après la naissance ; dans un autre, vers l’âge de deux ans ; dans les deux autres, à quatre ans seulement. Des machines avaient été employées sans succès sur deux sujets;un troisième, guéri par leur usage à l’âge de cinq ans, avait éprouvé une rechute qui avait amené le pied à un état pire qu’auparavant. L’autre pied avait été seul redressé chez un quatrième, né avec un varus double. On n’avait appliqué aucun appareil dans deux cas. Une fois , M. Stromeyer, avant de pratiquer la section, commença par ramener le pied dans l’axe de la jambe au moyen d’un appareil qui fut appliqué pendant un mois. L’opération fut faite immédiatement dans les cinq autres cas. La section du tendon d’Achille fut précédée, dans un cas , de celle du tendon du fléchisseur du gros orteil, et suivie , dans un autre, de la section de ce tendon et de l’extenseur du même orteil.
La guérison a été complète au bout d’un mois chez deux sujets , au bout de cinq semaines chez un autre ; elle a exigé six semaines sur un quatrième, et deux mois chez un cinquième. Dans le cas unique d’insuccès déjà mentionné et que M. Stromeyer croit aujourd’hui en partie dû à des soins peu éclairés dans le traitement consécutif (1), le pied, redressé en quinze jours, revint à son état primitif, lorsqu’on ôta l’appareil. Il eût fallu couper de nouveau le tendon ; les parens s’y refusèrent.
C’est donc en 1831, que Stromeyer eut l’idée de réaliser la première ténotomie d’Achille, non pas en ouvrant largement la peau (ce qui conduisait à une infection), mais par une incision de quelques millimètres : ce fut la première ténotomie per-cutanée.
Le grand chirurgien anglais Little fut lui-même traité de cette façon, apprit cette technique et la rapporta en Angleterre en 1837.
« Quelque heureux que fussent ces essais , ils ne trouvèrent pas d’imi tateurs pendant un assez long espace de temps , jusqu’à ce qu’en 1835, et 1854, M. Stromeyer, de Hanovre , renouvela l’opération de Delpech, mais modifiées le medecin allemand divisa le tendon d’Achille en enfonçant au devant de lui un bistouri étroit et convexe, qui ne laissait d’autre trace de son passage qu’une petite plaie transversale de la largeur de sa lame et une incision semblable , ou même une piqûre légère, du côté opposé; au lieu d’attendre vingt-huit jours avant d’allonger le tendon divisé, il le fit après le dixième jour dans les adultes, et dès le cinquième chez les jeunes sujets; aussi sa manière de procéder fut-elle et plus heureuse et bien moins douloureuse. Comme Michaélis, il généralisa cette opération et fit de même la section des tendons dans d’autres régions du corps. Le procédé operatoire de M. Stromeyer l’emporte incontestablement sur celui de Delpech ; il est d’une exécution plus rapide, et les plaies extérieures se cicatrisent bien plus facilement. »
BULLETIN GENERAL de THERAPEUTIQUE MÉDICALE ET CHIRURCICALE, 1839
Vincent Duval (1795-1876)
Il faut relire le livre de Gustave Flaubert, Madame Bovary, où Charle Bovary réalise une section per-cutanée du pied bot d’Hippolyte, avec un bon résultat immédiat…
Dans son livre Madame Bovary, Gustave Flaubert fait référence à un ouvrage médical, le livre du Dr Duval. Il faut savoir que ce livre et le Dr Duval ont bel et bien existé !
Voici ce que l’on peut lire sur cette page de livre :
DOCTEUR EN MEDECINE, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIETES SAVANTES, DIRECTEUR DES TRAITEMENTS ORTHOPEDIQUES DES HOPITAUX CIVILS DE PARIS, ET DE LA MAISON SPECIALE POUR LA CURE DES PIEDS-BOTS, DES FAUSSES ANKYLOSES DU GENOU, ET DES AUTRES DIFFORMITES DES MEMBRES, ETC.
Cette dédicace de la première page du livre de Vincent Duval (traité pratique du pied-bot, 1839) :
« à mon premier maître Monsieur Flaubert, témoignage de reconnaissance » montre que le Dr Duval connaissait le Dr Flaubert.
En effet, le Dr Duval fut un élève du Dr Flaubert Achille, Chirurgien chef de l’Hôtel Dieu de Rouen, et frère de Gustave Flaubert
Portrait du Dr Achille Flaubert, Chirurgien
Une lettre de Gustave Flaubert à Louise Collet en date du 18 avril 1854 confirme que l’écrivain s’est renseigné auprès de son frère sur les aspects du pied bot, tant sur le plan clinique que sur le plan thérapeutique.
« Je patauge en plein dans la chirurgie. J’ai été aujourd’hui à Rouen exprès chez mon frère avec qui j’ai longuement causé anatomie du pied et pathologie des pieds bots…
Celà n’est pas facile que de rendre littéraire et gais des détails techniques, tout en les gardant précis. Ah ! Les aurais-je connus les affres du style ! »
On ne peut que s’interroger sur les « formidables » résultats rapportés par le Dr Duval dont les propos ont un côté publicitaire évident : le pied bot congénital de ce jeune Victor, ténotomisé à 7 ans et demi, est transformé en pied normal en quinze jours, résultat qui, aujourd’hui au XXIème siècle, est impossible pour toute équipe d’orthopédie pédiatrique !
Merci au Dr Saad Abu Amara (Rouen) qui m’a gentiment fourni les renseignements
concernant le Dr Duval
John Ball Brown (1784-1852)
Chirurgien américain diplômé de la Faculté de Médecine d’Harvard, il fonde l’Institut Orthopédique de Boston en 1813. Après avoir perdu son fils de poliomyélite, il s’intéresse particulièrement à cette maladie ainsi qu’aux ténotomies percutanées dans le traitement des déformations des pieds (dont les pieds bots).
Louis Alexandre de Saint Germain (1835-1897)
Louis Alexandre de Saint Germain fut un des premiers chirurgiens orthopédistes. Il a laissé un ouvrage qui traite entre autre du pied bot.
Chirurgie orthopédique .
Thérapeutique des difformités
congénitales ou acquises. Leçons cliniques : professées à l’hôpital
des Enfants- Malades.
Recueillies et publiées par le docteur
Pierre J. Mercier.
Successeur de Giraldès comme chirurgien à L’Hôpital des Enfants-Malades, il est un
des pionniers de l’orthopédie pédiatrique, précédé en celà par Bouvier à Paris et Delpech à Montpellier.
Dans la première leçon, l’auteur fait une rétrospective des chirurgiens de l’Hôpital des Enfants-Malades depuis sa création en 1802.
Il parle de Petitbeau, Baffos, Guersant, Giraldès, Jules Guérin, Vincent Duval et Bouvier.
William Adams,
a publié au milieu du XIXème siècle les résultats d’une trentaine de dissection de pieds bots.
Il en a conclu que la déformation principale du pied bot était la conséquence d’une déformation osseuse de l’astragale.
Adams eut l’opportunité pendant plusieurs années de disséquer des pièces anatomiques de tous âges.
Il devint un des principaux chirurgiens anglais de son époque.
Exemples d’appareillage orthopédique pour pied bot varus équin, utilisé à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle.
Sabot de Venel ; Appareil de Bonnet pour les pieds bots
Domaine : Pédiatrie Appareils . 19e siècle
Auteur de l’ouvrage : BOUCHUT, Eugène Etienne
Ouvrage : Traité pratique des maladies des nouveaux -nés, des enfants à la mamelle et de la seconde enfance
Edition : Paris : J. B. Baillière, 1873
Appareillages pour pieds bots.
Traité de chirurgie.
Sous la direction de MM Simon Duplay et Paul Reclus.
1892
Le milieu du XIXème siècle vit la mise au point des premières techniques d’anesthésie générale.
Ceci permit à certains chirurgiens de développer des techniques de redressement en force.
A Vienne, Adolf Lorenz fut partisan de la méthode du modellirende Redressement.
Selon le même principe, John Ridlon et Charles Eikenbary ont développé des techniques de redressement.
Fin du XIXème siècle et XXème siècle
1908 : Description des anomalies de position des pieds regroupées sous le terme de « pied bot ».
Seule la figure III (schéma de droite) correspond à la dénomination actuelle du pied bot (varus équin).
L’origine du pied bot varus équin a été recherchée très précocement.
La cause la plus populairement admise était la déformation du pied coincé dans la cavité intra-utérine.
Ceci rendait encore plus mystérieux les formes familiales de pied bot (photographie ci-contre).
Aujourd’hui encore, la recherche n’a pas expliqué l’origine de la maladie pied bot.
Denis Browne était un chirurgien australien qui fit carrière en Angleterre.
Il mit au point un système d’attelle attachant séparément les pieds puis les reliant entre eux par une barre.
Le début du XXème siècle voit la naissance d’outils orthopédiques de correction du pied bot tels que la machine du Professeur F.Schultze, permettant des redressements « en force », et probablement « en souffrance », des déformations anatomiques.
Appareil orthopédique utilisé au début du XXème siècle à l’institut Rizzoli
Appareil utilisé par Abel Mix Phelps (1873-1902) pour appliquer des forces de redressement importantes.
Un traitement aussi violent pouvait avoir des effets secondaires dramatiques : écrasements des pièces osseuses, embolie (graisseuse) et décès.
Dans le meilleur des cas, le pied gardait des séquelles à type de raideur, de douleurs ou même peristance des déformations.
Moulages de pieds de patients.
Anatomie pathologique.
Début du XXème siècle
La technique décrite ci-contre provient d’un ouvrage de chirurgie publié en 1927 aux éditions Masson et intitulé :
Précis de techniques opératoires par les prosecteurs de la Faculté de Médecine de Paris
PRATIQUE COURANTE
et
CHIRURGIE D’URGENCE
Voici un exemple d’attelle utilisée dans les année 1930 et la méthode de mise en place décrite par le Dr L.Ombrédanne.
« Pour la bien mettre en place, on enveloppera d’abord le pied d’une couche d’ouate peu épaisse, mais surtout bien uniforme.
Il importe ensuite, exclusivement, de bien assujettir le pied sur la semelle an moyen de 8 de chiffre, exécutés avec une bande de crépon, sans tenir aucun compte de la position que prend la tige jambière.
C’est seulement à la fin du pansement, alors que la bande sera remontée sur la jambe jusqu’à la hauteur voulue, et dans le sens indiqué sur la figure 941 que, d’un seul coup, la bande changera de sens autour de la tige jambière en rappelant celle-ci en position appropriée ; grâce à son action de puissant levier, la tige jambière donnera à la plante l’orientation en hypercorrection désirée.
L’attelle de Saint-Germain sera portée jour et nuit pendant quatre ou six mois ; pendant plusieurs années, on l’appliquera ensuite pendant la nuite seulement.
Lorsque l’enfant marche, il est bon que sa bottine ne permette pas la reproduction du varus. Le type de chaussure que Lance fait exécuter pour les enfants de notre service est inspiré de l’appareil de Versepuech.
C’est une bottine armée d’une lame métallique postérieure ancrée dans le talon ; cette lame est articulée de manière à posséder une certaine mobilité dans le seul plan frontal (fig. 942). Le bord externe de la semelle est plus épais que l’interne, et une courroie solidarise ce bord externe avec la tige métallique postérieure.
Le port de cette bottine spéciale n’est utile que si la réduction par maneouvres externes n’a pas été parfaite et complète. »
Voici un exemple d’attelle utilisée dans les année 1930 et la méthode de mise en place décrite par le Dr L.Ombrédanne.
« Pour la bien mettre en place, on enveloppera d’abord le pied d’une couche d’ouate peu épaisse, mais surtout bien uniforme.
Il importe ensuite, exclusivement, de bien assujettir le pied sur la semelle an moyen de 8 de chiffre, exécutés avec une bande de crépon, sans tenir aucun compte de la position que prend la tige jambière.
C’est seulement à la fin du pansement, alors que la bande sera remontée sur la jambe jusqu’à la hauteur voulue, et dans le sens indiqué sur la figure 941 que, d’un seul coup, la bande changera de sens autour de la tige jambière en rappelant celle-ci en position appropriée ; grâce à son action de puissant levier, la tige jambière donnera à la plante l’orientation en hypercorrection désirée.
L’attelle de Saint-Germain sera portée jour et nuit pendant quatre ou six mois ; pendant plusieurs années, on l’appliquera ensuite pendant la nuite seulement.
Lorsque l’enfant marche, il est bon que sa bottine ne permette pas la reproduction du varus. Le type de chaussure que Lance fait exécuter pour les enfants de notre service est inspiré de l’appareil de Versepuech.
C’est une bottine armée d’une lame métallique postérieure ancrée dans le talon ; cette lame est articulée de manière à posséder une certaine mobilité dans le seul plan frontal (fig. 942). Le bord externe de la semelle est plus épais que l’interne, et une courroie solidarise ce bord externe avec la tige métallique postérieure.
Le port de cette bottine spéciale n’est utile que si la réduction par manœuvres externes n’a pas été parfaite et complète. »
Le XXème siècle vit se développer des techniques chirurgicales de correction de plus en plus pointues avec des médecins comme Barnett, Codivilla, Brockman, Turco…
Parallèlement, le traitement orthopédique devenait plus doux et de plus en plus codifié avec Elmsie, Kite puis Ponseti et Masse.
Quelques personnages célèbres porteurs de pied bot
Lord Byron (George Gordon)
1778-1824
Poète anglais Il vécut toujours très difficilement cette maladie, et la ressentit comme une infirmité physique et sociale.
Pour cette raison il préférait vivre à Venise, où les déplacements se faisaient plus en gondoles qu’à pied.
(en savoir plus sur George Gordon Byron)
Sir Walter Scott
1771-1832
Romancier anglais Il acceptait mieux sa maladie, d’autant plus que deux de ses ancêtres en avaient été porteurs.
(en savoir plus sur Walter Scott)
Talleyrand
(Charles-Maurice de)
1754-1838 Diplomate français
Il dissimulait l’origine congénitale de sa maladie en racontant qu’une nourrice maladroite avait provoqué un accident dans son enfance.
(en savoir plus sur Charles-Maurice de Talleyrand)
(voir aussi : Le pied bot de Talleyrand et son association à un syndrome de Marfan)
Thaddeus Stevens (1792-1868)
Homme politique américain
Opposant acharné à l’esclavage et aux discriminations envers les Afro-Américains, il chercha à garantir leurs droits durant la période qui suivit la guerre de Sécession.
Il était le second d’une fratrie de quatre enfants, tous des garçons. Comme son frère aîné, il naquit avec un pied bot à une période où cette maladie était considérée comme un châtiment divin en punition des péchés des parents.
(En savoir plus sur Thaddeus Stevens)
Le pied bot et les arts
Littérature
Madame BOVARY Gustave Flaubert (1821-1880)
Pied bot Charles Bernstein (1950)
Pied-bot Martial-Roméo Kahou-Tassa
L’homme au pied bot Valentin Williams
Le retour du pied bot Valentin Williams
Les vengeances du pied bot Valentin Williams
Maman d’enfants aux pieds bots Jocelyne Tribot
Peinture
Le pied bot Jusepe de Ribera (1591-1652)
Sculpture
Cinéma
Bande dessinée
Facteur pour femmes Didier Quella-Guyot
Sébastien Morice
Jack l’eventreur ou Ricoletti au pied bot (Sherlock Holmes N°29)
André-Paul Duchâteau Still
Dernière MàJ : 26/01/2019